Des livres, du thé et du bonheur
20 Octobre 2017
Titre : Le carnaval aux corbeaux Auteur : Anthelme Hauchecorne Éditions : Chat Noire | Prix : 19,90€ Pages : 320 Note : 4 /5 |
Résumé : « Ludwig grandit à Rabenheim, un petit bourg en apparence banal.
Claquemuré dans sa chambre, il s’adonne au spiritisme. À l’aide d’une radio cabossée, il lance des appels vers l’au-delà, en vue de contacter son père disparu.
Jusqu’à présent, nul ne lui a répondu… Avant ce curieux jour d’octobre.
Hasard ? Coïncidence ? La veille de la Toussaint, une inquiétante fête foraine s’installe en ville. Ses propriétaires, Alberich, le nabot bavard, et Fritz Frost, le géant gelé, en savent long au sujet du garçon. Des épreuves attendent Ludwig. Elles seront le prix à payer pour découvrir l’héritage de son père. À la lisière du monde des esprits, l’adolescent hésite… Saura-t-il percer les mystères de l’Abracadabrantesque Carnaval ? »
Acquis en 2016 aux Imaginales, j’ai attendu le mois d’octobre pour me lancer sur cette lecture. J’avais la sensation que c’était la période idéale pour le lire.
Et franchement, je ne suis pas ressortie déçue de cette lecture. Si vous ne devez lire qu’un seul et unique roman sur la période d’Halloween, c’est bien celui-ci ! Dès les premières pages, mon intuition a été confirmée, le ton du récit est donné ; macabre, loufoque, humour caustique réhaussé d’acide et de citrouilles tueuses.
Comme je l’ai dit plus haut, ce récit fleure bon l’automne, les brumes crépusculaires, les feuilles mortes et le croassement des corbeaux. Ce moment de l’année où l’imaginaire humain s’emballe et ramène les morts à la vie. C’est dans cette ambiance un peu lugubre que l’Abracadabrantesque carnaval s’installe à Rabenheim, une petite ville fictive d’Alsace (oui j’ai cherché sur Google Map et donc, non je ne l’ai pas trouvée) où il va semer la zizanie parmi les habitants.
Ludwig et son meilleur ami, Gabriel vont être confrontés aux étranges coups fourrés des forains et leur amitié sera mise à rude épreuve. Seuls à pressentir qu’il ne s’agit pas d’une foire comme les autres les deux jeunes garçons se rendront compte que le lointain passé de leur ville n’est pas étranger à la situation actuelle.
L’intrigue nous envoie valdinguer dans tous les sens possibles et imaginables (même ceux que l’on n’imagine pas). En ce qui me concerne, je n’ai pas été capable d’anticiper où l’auteur voulait m’emmener jusqu’à ce qu’il soit parvenu à ses fins. C’était complétement dingue !
Anthelme Hauchecorne est un auteur généreux, très généreux même ; son récit est riche en personnages plus variés les uns que les autres, à la fois truculents ou carrément déprimants, mais toujours mystérieux et marginaux. (Je l’avais dit que cette histoire est complétement dingue)
On découvre tout d’abord Ludwig, un jeune garçon fasciné par l’occulte et qui s’essaye à des séances de spiritisme avec sa vielle radio. Mais ne pensez pas qu’il est courageux, inconscient convient bien mieux à la situation. On se rend compte que c’est un garçon un peu perdu et franchement pas apprécié par ses autres camarades (ben oui, il est bizarre, alors forcément…). Gabriel est la seule exception qui confirme la règle. Issu d’une famille qui puise ses racines à l’époque médiévale de Rabenheim, il est un pilier dans la vie de Ludwig. Le récit est se concentre principalement sur ces deux-là, très vite on se rend compte qu’ils sont le centre de tout ce qui arrive (Pourquoi ? Je ne vais tout de même pas vous le dire !). Gabriel, bien qu’il soit détaché est bien plus attachant que Ludwig, ce dernier passant une grande partie de son temps à geindre et se plaindre des humiliations qu’il subit (victime).
Il y a tous les forains, dont une grande partie retient facilement l’attention et la curiosité du lecteur. Je suis même un peu déçue que l’on ne se soit pas penché davantage sur leur cas. Entre le monde des vivants et celui des morts, Alberich et le reste de l’Abracadabrantesque carnaval font osciller le voile. Tous sont des personnages complexes dont j’ai eu beaucoup de mal à cerner les intentions réelles, et les moultes (Qu’est-ce que je parle bien dis donc !) revirements de situation n’en rien fait pour arranger cette impression.
En revanche, ce qu’il faut savoir, c’est que « Le carnaval aux corbeaux » est un roman dense (je vais le répéter au cas où et en lettres capitales : TRÈS DENSE). Le style de l’auteur est très travaillé et recherché. Ce qui implique qu’il est relativement complexe à lire. Initialement je voulais le lire dans les transports en commun sur le chemin de mon stage (1h30 de bus aller), mais j’ai bien vite abandonné. Outre le format qui est largement au-dessus des dimensions d’un sac à main (même si c’est celui de Mary Poppins ou de Merlin), l’écriture est si complexe qu’il faut être confortablement posé et prendre son temps pour pleinement profiter de la poésie qui s’en dégage.
Le rythme est plutôt lent, les actions sont espacées et au bout d’un moment cela peut tirer en longueur. Vers la fin, je n’avais qu’une hâte, que ça se finisse, j’en comptais les pages. Pour être honnête, il faut s’accrocher à cette lecture, et j’ai un peu l’impression que ça passe ou sa case, soit on aime, soit on déteste.
De plus, le récit se découpe en plusieurs points de vue, un récit choral où il est compliqué de replacer chronologiquement toutes les actions.
Sans le moindre doute sur ce que je vais écrire, je peux vous assurer que « Le carnaval aux corbeaux » n’est pas un roman comme les autres. Il mêle des éléments du folklore traditionnel germanique, les monstres tapis sous nos lits d’enfants et une aventure complètement folle et riche en rebondissements, sans oublier le côté psychologique des protagonistes.
Des personnages qui nous font frissonner avec d’autre que l’on prend plaisir à détester. En revanche, la plume de l’auteur n’est pas la plus abordable qui soit, c’est ce qui fait la « patte » d’Anthelme Hauchecorne. C’est un roman qui se mérite et pour lequel le lecteur doit accepter de faire quelques sacrifices (J’y ai perdu mes maigres muscles à force de le tenir à bout de bras dans mon lit...).
La couverture de ce roman est une merveille ! Un vrai petit écrin qui rend amplement justice à son contenu. L’ambiance automnale est bien représentée et la petite touche creepy colle pile poil à l’idée que j’avais du décor dans lequel évoluent les personnages… De toute manière, elle fait son job. (Nooooon, je n’ai pas craqué sur ce livre uniquement pour sa couverture…si, un peu quand même…)
Parlons des illustrations, car oui, il y a des illustrations qui parsèment le récit ! Elles aussi collent à la perfection à l’ambiance du roman. Tantôt effrayantes ou intrigantes elles s’intègrent super bien à l’ensemble.
Je conseille : À ceux qui ont envie de se faire des petites frayeurs, de plonger dans un univers complétement dingue où la logique n’a guère sa place. Ceux qui aiment le mélange des genres ou qui s’intéressent aux légendes et contes tirés du folklore germanique.
Je déconseille : À tout lecteur qui préfère la simplicité. Une fois encore, l’écriture est compliquée à aborder, et au lieu de s’entêter sur ce titre (et de passer un mauvais moment) lui préférer un roman plus accessible.
J'espère que vous avez apprécié cette chronique, première d'une série destinées aux lectures frissonnantes. On est en plein dans la saison du Hallowctober et du Pumpkin automne Challenge après tout.
Alors je n'ai pas lu ce roman dans le cadre d'un challenge particulier, mais il pourrait les intégrer tout les deux. Est-ce que vous l'avez déjà lu ? Ou vous fait-il envie ?
Indiquez-moi ça dans les commentaires, et sur ce, bisous, bisous !